Personalised Support in a Class Context

Posted by Speakeasy News > Tuesday 20 June 2017 > Pedagogy

Depuis plusieurs années, le discours éducatif fait une large part à la « personnalisation » ou « individualisation », mettant ainsi en avant le concept d’accompagnement (accompagnement éducatif, accompagnement personnalisé…), sans pour autant que le terme « soutien » ait disparu des représentations collectives.


Le « soutien » a longtemps été considéré comme LE moyen de lutter contre l’échec scolaire, généralement proposé aux élèves qui rencontrent de grosses difficultés, en les prenant à part. Il est clair aujourd’hui qu’il ne s’agit pas d’une forme de différenciation de l’enseignement, d’autant que le plus souvent le « soutien » part d’un constat de lacunes et de difficultés, et se contente de reprendre plus lentement un contenu identique à celui qui a conduit à l’échec et de donner une dose supplémentaire de ce qui est déjà difficile à digérer !

L’idée sous-jacente est celle d’un rattrapage à effectif réduit, comme si donner plus de temps pour faire la même chose de la même façon et avec les mêmes objectifs permettait de résoudre tous les problèmes d’apprentissages de manière indifférenciée. On voit bien que ce type de dispositif ne peut fonctionner que sur des difficultés superficielles concernant un point particulier n’engageant pas la compétence générale de l’élève. Par exemple, on peut admettre que des élèves qui n’auraient pas compris la formation du prétérit pourraient bénéficier d’une reprise d’explication en petit groupe, suivie de quelques exercices d’application.

Étayer pour construire
Il en va tout autrement de l’étayage, forme d’accompagnement aboutie qui relève d’un enseignement collaboratif qui suppose un déplacement de la relation éducative – passer du « faire devant » au « faire avec » ou « à côté de » l’élève en l’impliquant davantage dans son propre apprentissage. Il s’agit donc pour le maître de renoncer à la posture de contrôle qui consiste à faire avancer toute la classe au même rythme à l’aide d’un guidage serré assorti d’évaluation constante avec ou sans feed back pour s’engager dans une posture d’accompagnement dans laquelle il évite de donner les réponses et d’évaluersans cesse, et provoque les discussions entre élèves et la recherche d’outils nécessaires à la résolution du problème posé. Dans ces moments, le maître écoute et observe plus qu’il ne parle, ce qui ne l’empêche pas de faire procéder à des recaps au moment opportun, de manière à conduire les élèves à structurer leurs savoirs et savoir-faire et à les mettre en perspective le moment venu.

Les erreurs font progresser
Les erreurs engendrées par les écarts entre ce que l’élève réalise et ce qu’il voudrait réaliser ne doivent pas générer un sentiment d’échec mais au contraire participer à la construction. L’étayage ne se réduit pas à une aide provisoire ou ponctuelle. Il consiste à devancer le développement des compétences de l’élève tout en lui restant accessible, à le laisser agir tout en le guidant. Ne pas chercher à lui enseigner ce qu’on sait qu’il n’est pas (encore) capable d’apprendre, mais ne pas vouloir lui enseigner ce qu’il sait déjà faire tout seul. Inciter à la prise de risque et à l’élaboration d’hypothèses, tant sur la forme que sur les contenus (I think I can say…Is that right? Or should I say…? I don’t understand why X said…I don’t know what to say…I’m not sure. I’ll try...I’m stuck...Maybe...).

Le processus collaboratif en groupes favorise le partage de connaissances entre pairs, chacun bénéficiant d’un temps de parole plus élevé que dans les temps d’apprentissages collectifs. L’étayage prend alors la forme d’une assistance mutuelle, en évitant les rôles figés qui réserveraient la fonction d’experts aux seuls élèves les plus compétents en matière de correction langagière. Le maître adoptera alors le rôle du médiateur, et veillera à contrôler sa frustration et à se retenir d’expliquer, ou de faire à la place de l’élève, en alternant lâcher prise (avantage : l’élève comprend qu’on lui fait confiance puisqu’on le laisse expérimenter sans intervenir) et accompagnement (apporter une aide ponctuelle, individuelle et/ou collective, en fonction de l’avancée de la tâche et des obstacles à surmonter).

L’enseignant peut néanmoins recourir à la formulation, la structuration des savoirs dont il est le garant, faisant ce que l’élève ne peut pas faire seul. Il nomme alors clairement les techniques ou les connaissances, mais il le fait après un temps de travail libre ou accompagné, quand chacun a participé à la recherche de solutions. Il est encore difficile pour de nombreux professeurs de ne pas recourir exclusivement à une posture de contrôle constant ou d’enseignement magistral, ou dialogué du type tac-au-tac, même s’ils en sentent bien les limites. D’autant que les périodes d’accompagnement génèrent souvent un bruit de fond qui peut donner au professeur l’impression de ne pas « tenir » sa classe. C’est pourtant la preuve que les élèves sont engagés dans leur travail, à condition que les attentes leur aient été clairement expliquées et que les questions bloquantes du type "Do you understand?" soient remplacées par des questions ouvertes du type "What did you understand?" Ne pas comprendre ce qui doit être compris, c’est déjà comprendre quelque chose, et participer à la construction progressive de la tâche à accomplir.

Le sens du geste
Les gestes du professeur, puis des élèves, font partie de l’étayage, en venant souligner la parole. Les gestes pédagogiques sont fréquents en cours de langue : geste indiquant le sens de la courbe mélodique, la référence au présent, au passé, au futur, mimes… Il convient de s’assurer régulièrement de la bonne compréhension par tous les élèves du sens, qui semble évident au professeur, de tel ou tel geste, faute de quoi celui-ci deviendra source d’incompréhension, notamment en raison des représentations individuelles, générationnelles ou même culturelles.

Pour que le geste rituel fasse partie intégrante d’un étayage efficace, il doit toujours être associé au même sens, clairement identifiable, utilisé assez fréquemment pour être mémorisé. En voyant l’enseignant ou un camarade faire tel ou tel geste, les élèves savent ce qu’ils doivent faire (parler, continuer à parler, s’arrêter, corriger leur discours, etc.). Le recours à la gestuelle est fort utile à l’enseignant de langue puisqu’il fait partie des moyens qui aident notamment à éviter le recours à la langue maternelle. Peu à peu, certains gestes ne sont plus nécessaires, tout comme d’autres aides à l’apprentissage deviennent caduques, à mesure que l’élève avance et gagne en autonomie. On parle alors de désétayage progressif.

TIPS 

  • La difficulté est inhérente au processus d’apprentissage: sans difficulté, on n’apprend pas.
  • Faire faire, ne pas faire à la place de, accompagner l’élève, ne pas le précéder, le laisser chercher sans le laisser s’égarer.
  • Élève chercheur, enseignant médiateur.

* Le psychologue américain Jerome Bruner est à l’origine de la théorie de l’étayage (1983).


Auteur(s) :

Marie-Christine Delsinne est enseignante, formatrice et auteure.