Il est souvent question aujourd’hui dans la société civile de démocratie participative pour réconcilier les citoyens avec la politique. De la même façon et par transposition, la communauté éducative peut explorer le thème de la pédagogie participative et collaborative pour réconcilier certains élèves avec l’apprentissage et, pourquoi pas, renforcer la motivation de tous ?
Le cours de langue, de par ses objectifs et son fonctionnement, peut devenir un terrain d’apprentissage des compétences clés dans l’exercice ultérieur de la citoyenneté. Pour cela, voici quelques idées concrètes :
Les règles du cours de langue
En début d’année, à l’heure où l’on travaille traditionnellement les règles du cours de langue avec les élèves (ce qui donne l’occasion de travailler les modaux, tout le monde le sait !), il convient d’intégrer également les droits des élèves dans le cadre de la communication de classe. Cela permet également de travailler, très tôt, les phrases coordonnées ou complexes en introduisant, par exemple :
In English class, I must listen to my classmates but they must also listen to me, which is good.
Ou :
In English class, I must put up my hand when I want to speak, it makes things easier for everybody.
Ou, pourquoi pas :
In English class, I must put up my hand when I want to speak but I don’t like it because I’m impatient.
Plusieurs avantages à cette façon de faire : les règles font l’objet d’une personnalisation qui engage les émotions et les opinions de tous les élèves qui se sentent ainsi valorisés, cela évite de se cacher derrière un we globalisant qui gomme les particularités et, cerise sur le gâteau, cela donne lieu à des productions langagières variées et ambitieuses…
Classroom English
De la même façon, le Classroom English, si utile pour introduire en jalons de nombreux faits de langue intéressants, doit permettre aux élèves d’exprimer la gamme complète de leurs opinions, pourvu qu’elles s’inscrivent dans les limites du fonctionnement serein de la classe et qu’elles soient toujours justifiées. Nombreux sont les élèves qui, confrontés à une question, se contentent de hausser les épaules ou de répondre, souvent en français : « je ne sais pas ». Parfois, cela décrit la réalité mais pas toujours. Pourquoi ne pas donner les moyens aux élèves de dire :
Can I have a few more minutes to think about the question?
I don’t really have an opinion, I want to listen to the others first.
I’m not sure.
I really don’t have any idea.
Et, pourquoi pas ? :
I’m not really interested right now because I don’t like the document.
Combien d’élèves le pensent en silence ? Ce n’est pas si grave qu’ils l’expriment, Ils ne sont pas obligés de toujours aimer ce qu’on leur propose. Pour limiter la contagion et le recours systématique à cette réponse pour éviter l’implication, il est possible de mettre en place une contrainte qui consistera à justifier son point de vue ou à n’avoir recours à cette réponse que très exceptionnellement.
Teacher's Assistant
Encourager les élèves à assumer des missions qui ne leur sont pas habituelles et, surtout, leur donner les moyens linguistiques de le faire, favorise le développement de la prise en compte du point de vue de l’autre et responsabilise. De nombreuses tâches, généralement effectuées par le professeur, peuvent être confiées aux élèves avec profit, notamment le rebrassage de la leçon précédente. Le teacher’s assistant du jour pourra s’appuyer sur une trame qui sera élaborée avec le concours des élèves (ask your classmates to : tell you what they remember about the document; give you two historical elements we learned about Australia ; etc.).
Il ne s’agit pas de confier ses missions valorisantes aux seuls élèves à l’aise car elles représentent de réelles situations d’apprentissage. Donc, pour des élèves plus en difficulté, la trame pourra donner les questions dans leur intégralité. Deux élèves peuvent intervenir en collaboration, l’un jouant le rôle de souffleur pour l’autre.
Autonomie et implication
Ces quelques activités sont susceptibles de renforcer la motivation des élèves dans le cours. Rendre les élèves actifs et favoriser le développement de leur autonomie permet, à moyen et long terme, d’en faire des partenaires impliqués et responsables dans le cours de langue.
Auteur(s) :
Ruth Alimi est IA-IPR dans l'académie de Créteil, et conseillère pédagogique de Speakeasy News.