Que signifie pour un élève la consigne « apprendre sa leçon » ? Que faut-il faire exactement ? La lire plusieurs fois, la copier, apprendre les mots et expressions nouveaux, les utiliser en contexte pour produire un message… ? Avec quels documents, quels outils (cahier, manuel, site internet de l’établissement…) ? Et comment l’élève saura-t-il qu’il connaît sa leçon ?
Dans le domaine de la mémorisation, de nombreuses idées fausses persistent. C’est ainsi que la plupart des élèves pensent qu’il suffit de lire plusieurs fois une leçon pour la savoir. Une révision de leçon(s) consisterait donc en une simple relecture.
En réalité, la qualité de la mémorisation dépend du travail d’apprentissage effectué en amont. En effet, il ne suffit pas de « repasser » la leçon dans sa tête. L’apprentissage doit être effectué en contexte, les activités autour du lexique ne doivent pas s’arrêter à sa présentation mais il faut qu’elles assurent également l’encodage et la récupération des informations inscrites en classe dans la mémoire de travail.
La mémoire
La mémoire est une fonction mentale qui permet d’encoder (entrer dans la mémoire), de stocker (maintenir en mémoire) et de récupérer (rappeler) des informations. Les mécanismes d’encodage sont divers et plus ou moins efficaces. Ainsi lire une liste de mots en ne s’intéressant qu’à leur graphie ou à leur prononciation ne permettra que difficilement d’en conserver la trace en mémoire au-delà d’un très bref instant. Si, en revanche, ces mots s’intègrent à un champ sémantique déjà documenté, ils auront davantage de chances de dépasser la mémorisation immédiate.
Encoder
Pour favoriser l’encodage, on aura intérêt à diversifier les modes de présentation de l’information (visuelle, auditive, kinesthésique) afin de permettre à chacun de s’appuyer sur les représentations qui lui « parlent » le mieux dans tel ou tel contexte, par exemple en associant à la production visée des images, un rythme marqué, une gestuelle, une saynète qui intègrera l’expression d’émotions.
Créer des liens avec les connaissances déjà acquises permet de donner du sens aux nouveautés.
Récupérer
Quant à la récupération, elle peut s’appuyer sur des indices qui aident à revivre la situation initiale de présentation, ou au moins conduire à un sentiment de familiarité qui permettra de construire plus avant. Il a été démontré que la récupération est plus facile lorsque le contexte ou les indices fournis rappellent la phase d’encodage.
On peut proposer une première étape dans l’apprentissage d’une leçon qui s’intitulerait « revivre le cours » en s’en remémorant le contexte. Les indices varieront d’un élève à l’autre, pour l’un l’absence d’un camarade, pour un autre une averse violente, une histoire amusante, l’évocation d’un personnage historique déjà connu… Une phase de restitution de leçon commençant par "What did we talk about last time?" aura de meilleures chances de réussite si elle est précédée d’un warm up comportant un rappel d’événements survenus pendant le cours précédent (X was absent, it rained a lot, we were hungry…). La mémoire épisodique (mémoire des souvenirs dans leur contexte d’acquisition) est ainsi associée à la mémoire procédurale qui permet un traitement en partie automatique de l’information.
Apprentissage personnalisé
Il est à noter que la connaissance qu’aura acquise un élève du fonctionnement de sa propre mémoire l’aidera à développer au mieux ses propres stratégies d’apprentissage. On pourra proposer plusieurs méthodes au choix pour certains apprentissages, par exemple l’organisation sous forme de tableaux, de cartes mentales (heuristiques) permettant la hiérarchisation des mots-clés / informations essentielles, de frises chronologiques, l’association de dessins ou de schémas à des mots ou à une procédure par exemple.
Activation
Une phase de stockage passive ne permettra guère d’ancrer des informations dans la mémoire à long terme. Tout comme se contenter de lire la leçon ne permet pas de la mémoriser à long terme, se la répéter oralement ne saurait suffire, pas plus que ne saurait être efficace un apprentissage ponctuel non suivi de réactivations régulières. La multiplication des situations dans lesquelles les apprentissages en langues peuvent être réutilisés, notamment dans d’autres matières (EPI), contribue à une mémorisation fiable puisque fondée sur le besoin et le sens.
Auteur(s) :
Marie-Christine Delsinne est enseignante, formatrice et auteure.
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